Allier la découverte de notre patrimoine et des figures de l‘art contemporain ? Cela devient possible cet été à l’abbaye d’Auberive.
- le cloître de l’abbaye d’Auberive, remanié au 18e siècle
Un centre d’art contemporain dans une abbaye cistercienne
L’abbaye cistercienne d’Alba Ripa d’Auberive est située en Haute-Marne, entre Dijon et Langres et est forte d’une histoire riche de plusieurs siècles. Fondée en 1135 par Saint Bernard et 12 moines issus de l’abbaye de Clairvaux, respectant la règle de Saint Benoît dans la privation et l’isolement, elle obéit à la Charte de la Charité, en tant que « 24e fille » de l’abbaye de Clairvaux, elle-même régie par la grande abbaye de Citeaux. L’abbaye d’Auberive a connu de longues heures de prospérité notamment au 13e siècle. Après la vente du domaine en bien national en 1791, elle devient tour à tour filature, prison, centre de redressement, colonie de vacances.
Aujourd’hui classée monument historique, elle est la propriété de Jean-Claude Volot, entrepreneur, président de l’Agence nationale pour la création d’entreprise, passionné d’art et grand collectionneur, qui ouvre chaque été les portes du parc et des bâtiments à la découverte de l’art contemporain. « L’abbé Volot », comme il se surnomme, possède l’une des plus grandes collections privée d’art expressionnisme figuratif et d’art singulier. Il a connu et aimé Dado, « un flash, on s’est adorés tout de suite » nous apprend-t-il.
Cet été et jusqu’au 27 septembre, il présente chez lui, à l’abbaye, une rétrospective de l’oeuvre de Miodrag Djuric dit Dado (1933-2010).
- Jean-Claude Volot à l’entrée de l’exposition. Dado. Horama
L’oeuvre de Dado
Sur plus de 2000m2, on découvre dans des salles aux murs épais un ensemble exceptionnel de plus de 80 oeuvres, appartenant au centre d’art ou prêtés par des collectionneurs et galeries : peintures, dessins, collages, gravures dont certains n’ont jamais été présentés.
Vous connaissez sans doute l’oeuvre de Dado sans pouvoir la nommer car son travail a notamment influencé Hans Rudolf « Ruedi » Giger, le peintre et sculpteur qui a conçu les décors des films Alien. Ahhh ^-^
Giger a dit de lui :
If anyone deserves the designation “Bosch of the 20th Century”, for me it is Dado. Possibly he was inspired by Ivan Albrecht’s “Portrait of Dorian Gray”, which hangs in the Museum of Modern Art in New York. Otherwise, Dado is unique and unmistakable. […] A hundred years from now, he will be one of the most important, if not the most important, painters of the 20th Century. (1)
Il apparaît clairement que Dado est un génie méconnu du grand public, alors qu’il laisse une oeuvre immense auréolée d’une renommée internationale : il a notamment représenté le Monténégro à la Biennale de venise en 2009. Ses pièces sont présentes dans les collections du centre Pompidou ou du Guggenheim Museum. C’est pour cela qu’il ne faut pas louper cette exposition qui lui est entièrement consacré. L’occasion également de découvrir un lieu magnifique !
Les oeuvres présentées par Alexia Volot, commissaire de l’exposition, suivent un parcours chronologique de 1954 aux années 2000. Formé aux Beaux-Arts de Belgrade, Dado a été profondément marqué par la deuxième guerre mondiale, les atrocités subies et le décès de sa mère à l’âge de 11 ans.
Si ses figures apparaissent mouvantes, oragniques mais encore présentes dans ses jeunes années, elles se morcellent ensuite sous couvert de monstruosité, laissant apparaître une rare violence, un système lymphatique dissimulé par un « voile de pudeur » bleuté qui confère aux peintures une dimension aérienne.
La peinture de Dado n’est jamais figée. Toujours en recherche picturale, Alexia nous rappelle qu’il souhaitait « donner de la tension » à sa peinture.
Le fil se déroule. Les salles du premier étage découvrent un passionnant cabinet d’art graphique, dessins –L’Histoire naturelle de Buffon qu’il illustre et étudie est un ensemble magnifique de gouaches sur papier– gravures, collages, assemblages « d’éléments signifiants« .
Car sûrement, l’oeuvre de Dado s’appréhende dans l’ensemble, sans rupture ni heurt même si elle sollicite les tréfonds de nos âmes. Naturellement. Par le végétal, l’animal, le minéral et la lumière.
En savoir +
Dado – Horama, jusqu’au 27 septembre 2015
Centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive – 52160 Auberive
Mardi de 14 h à 18h30 – Du mercredi au dimanche de 10 h à 12h30 et de 14h à 18h30.
Tél. : 03 25 84 20 20
Plein tarif : 8€ – TR : 4,5€ – gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.
L’oeuvre de Dado sur l’anti-musée virtuel
(1) www.hrgiger.com