Le bojagi (ou pojagi) est un art traditionnel textile coréen et une pièce de tissu servant à emballer des objets.

Collection textile // Jack Richards

L’histoire du Bojagi

Sous la dynastie Choson (1392 ~ 1910), les Coréennes de toutes les classes sociales assemblaient de manière invisible des morceaux de coton, soie, chanvre ou ramie en carrés de différentes tailles qui servaient d’emballage pour offrir, couvrir, stocker ou transporter les objets. Ils pouvaient également constituer une base pour la confection de vêtements.

Les bojagi en usage à la cour, ou dans les maisons appartenant à des nobles, étaient en soie ou en ramie et généralement ornés de magnifiques motifs brodés : fleurs, nuages, grues, chauvesouris, perles, idéogrammes… (1)

D’abord utilitaires, les bojagi ont commencé à être perçus comme des œuvres d’art dans les années 60.

 

Wrapping cloth (bojagi) // Asian Art Museum

Différentes techniques réhaussent les bojagis : la broderie –le bojagi est alors appelé subo–, la peinture, la teinture, la feuille d’or et le patchwork de petites chutes de tissus, appelé jogakbo —jogak signifiant petite pièce.

  • Les motifs brodés des subo représentent des arbres, des fleurs, des fruits, des oiseaux et sont souvent utilisés pour des occasions joyeuses, comme des fiançailles ou des mariages, pour emballer des présents de la famille du mari à la mariée, et les traditionnelles oies en bois, les kireogi. La broderie est faite avec des fil retors sur une étoffe de coton ou de soie.
  • Les jogakbo sont associés, eux, avec la cuisine et la présentation des aliments. (2)
  • Les sangbo servent de nappes.
  • Les yemulbo servent d’emballages cadeaux
Bojagi en kit — Make your own Yemulbo // Youngminlee

Réalisation

Les morceaux de tissus sont cousus de manière invisible, ceci d’autant plus qu’ils peuvent être fins ou transparents –soie, chanvre, ramie. L’ouvrage n’a ni envers, ni endroit. Plusieurs techniques de couture rabattue peuvent être utilisées:

  • On peut utiliser la couture anglaise. On place alors les morceaux de tissus envers contre envers. On pique à l’endroit à 5 mm du bord. On recoupe proprement le bord des tissus. On retourne, on écrase le pli au fer à repasser et l’on pique à l’envers à 1 cm du bord. On retourne. On écrase de nouveau la couture que l’on couche en la piquant à l’envers sur un côté du tissu.
  • On peut également, après la première couture, choisir de replier l’ourlet deux fois et de le piquer directement d’un côté ou de l’autre, comme le présente l’artiste Young Min Lee.

A savoir : les morceaux de tissus sont assemblés au fur et à mesure, de manière symétrique ou non, selon un dessin préalable ou non.

L’existence des Bojagi témoigne à la fois de l’esprit des femmes coréennes de l’ancien temps (qui visait à « unir », « à recycler », « à redonner vie » à des choses usagées) et aussi, si l’on considère la beauté de certaines pièces, de leur grand sens esthétique.
Centre culturel coréen

INSTALLATION / DETAIL // MEEM
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3 Commentaires
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Marie-Lee Vis
7 années il y a

Un très bel article sur le bojagi.. Art traditionnel de mon pays.. Que je pratique aussi..

Marie-Anne Cantin
Marie-Anne Cantin
5 années il y a

Bjr
Je vous signale la grande prêtresse du pojagi en France, à savoir Maryse Allard … sur son site vous trouverez des merveilles ainsi que son livre.
Elle fait de fréquents séjours en Corée du Sud et elle est unanimement reconnue comme artiste specialiste du pojagi.
Elle a travaillé avec Hubert Valeri le chantre du boutis contemporain et ont réalisé ensemble un livre magnifique.
Cdt
MA CANTIN