D’abord fonctionnel, le panier en bambou japonais se détache peu à peu de la contrainte formelle liée à la cérémonie du thé et à la décoration florale associée. A partir du 19e siècle, les artisans, en concevant des formes libres, érigent ce savoir-faire en art.

 

L’utilisation du bambou

On trouve, au Japon, près de 600 espèces de bambou, plus de la moitié des innombrables espèces de cette herbe.

Facilement disponible, il présente des caractéristiques uniques qui le dispose naturellement à une symbolique positive : il pousse vite et droit, il est flexible, pratiquement imputrescible et se plie facilement à de nombreux usages essentiels pour l’Homme : la nourriture, la fabrication d’abris, d’instruments, d’armes et de récipients.

Dans l’art de la vannerie, le bambou nécessite un long travail de préparation. Après avoir récolté les tiges et les avoir ébranchées, il est indispensable d’extraire l’huile que contient le bambou par divers procédés de chauffage suivi d’une période de séchage. Les lanières de bambou qui seront tressées sont fabriquées au cœur d’un processus entièrement manuel, fastidieux et complexe en particulier lorsque l’artiste désire des liens d’une particulière finesse ou coupés selon un angle particulier. Le rotin, indispensable aux finitions, ne pousse pas quant à lui au Japon et doit être importé d’Asie du Sud-Est.*

 

La vannerie en bambou et l’art du thé

Le développement de la vannerie artisanale en bambou est étroitement lié au rayonnement de l’art du thé, arrivé de Chine aux environs des 8e et 9e siècles par des missionnaires bouddhistes. Des paniers de bambou contenant les arrangements floraux, ou ikebana, contribuent à l’harmonie du moment.

Les premières générations d’artisans japonais se sont d’abord inspirés de modèles de paniers chinois qui eux-mêmes cherchaient à imiter avec virtuosité les formes sophistiquées de vases en bronze ou porcelaine (les paniers d’inspiration chinoise karamono).

 

TOSA Mitsuyoshi, Arrangement floral dans une vannerie chinoise (karamono), 17ème siècle Rouleau suspendu, peinture sur soie, montage sur soie.Collection NAEJ © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Tadayuki Minamoto

 

L’ère Meiji

Le renouveau, au début de l’ère Meiji (1868 – 1912), d’un certain type de cérémonie du thé dont les arrangements floraux utilisaient des récipients en bambou, sollicite ensuite la créativité d’artistes raffinés et merveilleusement inventifs qui se libèrent du modèle chinois et inventent leurs propres formes. Des artistes comme Iizuka Rōkansai et Hayakawa Shōkosai renouvellent ce domaine et l’érigent en art. Ils sont les premiers à signer leurs œuvres.

 

IIZUKA Rōkansai Hanakago, « Magaki » Vannerie pour l’ikebana nommée « Clôture » – Style informel Sō – Vers 1945-1950; Bambou shinodake et laque Collection NAEJ © A+C VVG © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Tadayuki Minamoto

 

Un nouveau champ artistique

La vannerie japonaise en bambou procure à certains de ses créateurs, passés maîtres dans le tressage de la fibre, le prestigieux statut de Trésor national vivant.

En parallèle, les vanniers contemporains proposent des œuvres très personnelles. La vannerie, en devenant une véritable sculpture, forme un nouveau champ artistique d’une profonde originalité.

 

 

TANABE Chikuunsai IV, Connection from the Past to the Future (Connexion entre le passé et le futur), 2018 Bambou kurochiku.Commande du musée du quai Branly – Jacques Chirac © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Tadayuki Minamoto

 

SUGIURA Noriyoshi Ritsudō (Rythme), 2017 Bambou madake et rotin. Galerie Mingei, Paris © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Tadayuki Minamoto

 

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