Rencontre avec Christian Cave, le directeur d’Agglolux-Cbl, une maison centenaire spécialisée dans la production et la transformation du liège, matière naturelle et véritable tissu végétal.
Agglolux était le partenaire de PlayWithDesign, un appel à projet auprès de 10 designers sur le thème du Roi de la jungle, qui s’est tenu lors du salon professionnel de mode enfantine Playtime, du 25 au 27 janvier 2014.
Le liège est une matière fascinante.
Une matière vivante, issue de la récolte de l’écorce du chêne liège, un arbre au feuillage persistant et amateur de climat doux, présent dans le sud de la France, le Quercus Suber. Cet arbre est unique en son genre car son écorce, le liège se régénère une fois extraite.
Agglolux est une entreprise familiale, créée en 1929 par Pierre Gilardhenghi.
A l’époque, la principale activité de l’entreprise landaise consistait à recycler les résidus des bouchons provenant de l’exploitation, par les bouchonniers, du liège femelle. Car il faut savoir que la première écorce du chêne, récoltée au bout de 30 ans par l’opération de démasclage, est mâle, une unique fois. Se forme ensuite l’écorce femelle, une matière plus souple utilisée par les bouchonniers qui repousse et est levée tous les 10 à 15 ans.
L’idée de Pierre Gilardhenghi a été d’utiliser également, outre les résidus de bouchons, le liège mâle, matière plus grossière, rugueuse et crevassée, pour en produire de l’isolant. En 1946, Georges Cave, son neveu prend la direction technique de l’entreprise et met au point, au début des années 60, les premiers agglomérés de liège à base d’élastomère, ouvrant ainsi de nouveaux marchés dans l’industrie automobile et dans l’armement.
Agglolux produit aujourd’hui du liège aggloméré sous forme de panneaux et de rouleaux ainsi que d’autres produits, tels que le liège d’isolation expansé, en vrac ou granulés, le liège de décoration pour murs et sols, les sous-couches de sols, balles de baby-foot, semelles orthopédiques, premières de propreté des chaussures, fonds de chapeaux, mobilier et produits design…
La production de liège aggloméré
L’écorce, la croûte, après séchage de plusieurs mois, est réduite en granulés de liège qui sont calibrés et dépoussiérés avant d’être agglomérés grâce à l’emploi de résines naturelles et de colles. Cet agglomérat est ensuite moulé et donne lieu à la production de plaques et rouleaux de liège tels qu’on le connaît.
L’utilisation du liège est variée. Car le liège, composé à 95% d’air, est une matière naturellement isolante, imputrescible, imperméable, élastique et compressible.
L’exploitation des chênes-lièges de la région landaise s’est arrêtée dans les années 60 ; le métier est devenu plus difficile ; la matière première était importée du Portugal voisin ; les consommateurs ont regardé vers d’autres horizons. En 2000, deux bouchonniers décident néanmoins de relancer l’activité et la production locale. Il faut exploiter les suberaies d’Aquitaine existantes, les valoriser et tenter de nouvelles plantations. Pour cela, il faut démascler un certain nombre de chênes-lièges et lever l’écorce d’autant sur des parcelles laissées à l’abandon. Or le savoir-faire artisanal s’est perdu, ainsi que les outils.
Pas de problème ! Les anciens « leveurs de liège » forment alors une nouvelle équipe d’ouvriers, leur apprennent l’écorçage, les gestes, retrouvent les anciennes haches. Une association est créée pour la revalorisation du liège dans la région : Le liège gascon. L’Etat, la région, le département des Landes et enfin designers et consommateurs redécouvrent cette matière biodégradable et recyclable qui se plie à toutes les volontés. Une renaissance normale et attendu pour une matière noble. Vivante !
Lors de la deuxième session de PlayWithDesign, qui propose d’explorer de nouvelles pistes de réflexion du design pour enfants, le liège était à l’honneur grâce au partenariat avec Agglolux.
Un appel à projets avait été lancé auprès de 10 designers sur le le thème Le roi de la jungle, encadrés par une direction artistique et technique (Marine Peyre, Marie Czapska et Isabelle Poulet).
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